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les saisons de l'océan
De même que sur les continents, la vie dans les océans est rythmée par les saisons. Les saisons varient selon la région dans laquelle on se trouve (hiver, été, moussons, ...). Elles déterminent différents facteurs du milieu, comme l'ensoleillement, la longueur du jour, la température de l'eau ou le vent, qui sont très importants pour la croissance du phytoplancton. Les flotteurs profileurs, qui mesurent de nombreuses propriétés physiques et biologiques de la surface de l'océan jusqu'en grande profondeur, sont très adaptés à l'observation des cycles saisonniers du phytoplancton.
Question 1 : Quelles sont les saisons de l'océan dans les régions tempérées ?
Dans les régions tempérées (comme la Mer Méditerranée) ou plus froides (comme la Mer du Labrador au nord-ouest de l’Atlantique Nord), les saisons sont très marquées. On dit que ce sont des régions à forte saisonnalité.
en hiver
Pendant l’hiver, le vent souffle (il peut même y avoir des tempêtes), la durée du jour est courte et le soleil est souvent caché derrière les nuages, l’eau est froide. L’océan se mélange alors sur la verticale, parfois sur plusieurs centaines de mètres de profondeur. Ce mélange permet un enrichissement de l’eau de surface en éléments nutritifs, abondants en profondeur et indispensables à la croissance du phytoplancton, qui se trouve en surface. Toutefois, le mélange vertical transporte le phytoplancton du haut vers le bas et de bas en haut, si bien que ce dernier ne reçoit plus, en moyenne, assez de lumière pour faire sa photosynthèse et se développer.
au printemps
Il faut attendre la fin de l’hiver ou le printemps pour voir le phytoplancton se développer. Le soleil brille à nouveau, le vent souffle moins fort, l’eau de surface se réchauffe. Dans cet océan plus calme (on dit que la colonne d’eau est "stratifiée"), ensoleillé et riche en éléments nutritifs, le phytoplancton trouve des conditions de croissance optimales. Se produit alors ce que les océanographes appellent une "floraison" ou un "bloom" de phytoplancton. Le plus souvent ce sont des diatomées qui dominent le bloom. Le phytoplancton prolifère tellement que l’océan devient vert ! Cette couleur est due aux fortes concentrations en chlorophylle a, une molécule présente chez touts les végétaux, dont le phytoplancton, et qui leur permet de capter la lumière du soleil.
en été et en automne
Au fil des semaines, le phytoplancton épuise les éléments nutritifs dissous dans l’eau. La quantité d’éléments nutritifs devient insuffisante pour permettre à de nouvelles cellules de phytoplancton de croître. Le phytoplancton commence à vieillir. Les cellules de phytoplancton les plus grosses, qui sont aussi les plus lourdes (souvent des diatomées), coulent vers le fond de l’océan. D’autres ont été consommées par des organismes du zooplancton, qui pourront eux-mêmes servir de nourriture aux poissons. Le phytoplancton qui reste dans les eaux de surface est composé principalement de petites cellules, comme des nano-flagellés ou des cyanobactéries. C’est la fin de l’été, puis l’automne. Avec l’hiver qui arrive, un nouveau cycle saisonnier pourra commencer.
En savoir plus sur les saisons de l'océan dans les régions tempérées ...
Expérience : Ressentir les effets de la "stratification" de la colonne d'eau ?
Lorsque l'on se baigne en été, l'eau de surface est chaude. Mais lorsque l'on plonge et que l'on descend un peu sous l'eau, on atteint à une certaine profondeur de l'eau plus froide. Cette transition entre l'eau chaude et l'eau froide, qu'on appelle "thermocline saisonnière", agit comme une barrière physique.
C'est ça, la stratification !
Question 2 : Y a-t-il aussi des saisons sous les tropiques ?
Dans les régions de l’océan situées aux faibles latitudes (c’est-à-dire proches de l’équateur dont la latitude est 0°), il y a peu de différences d’une saison à l’autre. C’est ce qui se passe dans des étendues océaniques immenses que l’on appelle les "tourbillons subtropicaux".
Les tourbillons subtropicaux couvrent plus de 50% de la surface de l’océan mondial et sont comme des déserts océaniques ; un exemple de ces tourbillons est la Mer des Sargasses, dans l’Atlantique Nord.
des saisons peu marquées
Dans les tourbillons subtropicaux l’eau est chaude et, dans ces régions, l’éclairement solaire est fort toute l’année ou presque. Les eaux étant stratifiées, il n’y a pas d’apports d’eau profonde à la surface où, par conséquent, les eaux sont généralement très pauvres en éléments nutritifs. On dit qu’elles sont "oligotrophes". Dans ces eaux oligotrophes, le phytoplancton est composé en grande partie de toutes petites cellules du groupe des cyanobactéries.
observer les déserts océaniques
De par leur immensité et leur isolement géographique, les déserts océaniques ont longtemps été peu étudiés. Grâce aux satellites on en sait un peu plus aujourd’hui. On sait par exemple que les eaux les plus pauvres en phytoplancton sont situées dans le tourbillon subtropical de l’Océan Pacifique Sud (à l’est de la Polynésie). Pendant l’été austral, la quantité de chlorophylle a y est tellement faible que l’eau devient bleue profond, presque violette. Les flotteurs profileurs sont très adaptés à l’observation de ces déserts océaniques. Permettront-ils aux océanographes d’y découvrir l’existence d’un cycle saisonnier de phytoplancton ?
Question 3 : Que deviendront les saisons de l’océan avec les changements climatiques ?
Les changements climatiques vont modifier les conditions de vie du phytoplancton marin. De quelle manière ? Les océanographes ne le savent pas encore, mais ils travaillent beaucoup en vue de répondre à cette question.
la réponse de l’océan aux changements climatiques
Les scientifiques font des calculs qui prennent en compte l’augmentation prévue de la concentration en gaz carbonique (CO2) dans l’atmosphère et de la température de l’océan au cours des 50 à 100 prochaines années. Les premiers résultats montrent que les régions oligotrophes pourraient devenir encore plus oligotrophes et que, aux très hautes latitudes, la saison favorable à la croissance du phytoplancton pourrait s’allonger. Les effets combinés de ces modifications pourraient globalement conduire à une diminution de la production du phytoplancton dans l’Océan Mondial. Il est aussi question d’une diminution relative des grandes espèces dans la composition du phytoplancton. Bien sûr, ce ne sont pour l’instant que de premiers résultats et il faudra encore beaucoup de travail pour obtenir des prévisions robustes.
les conséquences pour la pompe biologique à carbone
En utilisant du CO2 d’origine atmosphérique pour fabriquer sa propre matière vivante, le phytoplancton contribue à la pompe biologique à carbone, c’est-à-dire au "piégeage" de CO2 dans l’océan profond. Si, tel que le prévoient les scientifiques, la production du phytoplancton se trouve modifiée au cours des prochaines décennies, il est possible que la capacité de l’océan à piéger du CO2 par voie biologique diminue. L’évolution des saisons de l’océan avec les changements climatiques pourrait ainsi avoir un fort impact sur notre planète.